04162024Headline:

LETTRE A MA FEMME

black samourai                                                                      LETTRE A MA FEMME

Mon Amour,

 

Voici trois jours, trois malheureux jours, trois jours damnés que tu es partie. Trois jours qui paraissent comme une éternité.

Comment as-tu pu ?

Qui t’a octroyée cette fermeté ?

Qui t’a contaminée cette témérité ?

Quel est l’esprit démoniaque qui t’a poussé à sortir de cette maison pour soi-disant me punir de mes infidélités ?

Qui t’a dit quoi ? Sur quoi ? Et pourquoi ?

Quel est l’homme ou la femme qui a osé te dire que je ne t’aime plus ?

Qui est celui qui par cet acte a décidé de mourir étranglé et garrotté par mes mains tremblotantes, avides et assoiffées de revanche?

Qui sur cette terre peut t’aimer plus que moi ?

Qui sait ce que tu représentes pour moi ?

Étaient-ils là ces gens quand je suis allé voir ton père il y a quinze ans ?

Savent-ils comment j’ai fait pour payer la lourde dot que ce dernier, ses escrocs et détrousseurs de frères m’ont réclamé et exigé ?

Peuvent-ils me rembourser les cinq énormes bœufs, les dix chèvres, les sept moutons et la trentaine de poulets que ton père a reçus ce jour ou l’arnaque brillait dans ses yeux ?

Ta mère qui était pourtant présumée faciliter l’affaire a pris pour elle toute seule, vingt-deux pagnes wax venus tout droit de Cotonou. Aujourd’hui, elle est la capitaine de l’équipe de ceux qui dénigrent mon noble nom dans toute la ville de Douala.

Dans le mot que tu as laissé sur la table, tu dis être fatiguée, brisée et qu’il est temps pour toi de partir loin de toute cette souffrance.

Tu cites quatre noms de femmes qui sont, selon les dires de mes détracteurs, mes maîtresses et même mes fiancées.

As-tu une seule preuve de ce que tu avances ? Comment peut-on accuser un dignitaire comme moi sans preuve ? Aucun flagrant délit, mais rien que des indices minables et des soupçons plus émaciés que les pattes d’une mouche morte.

Je me souviens de notre première rencontre au Lycée en classe de troisième. Dès le premier regard, j’ai été foudroyé par l’éclair de ta magnificence et de ta somptuosité. J’ai été ébloui par tes yeux de tigresse. Ton élégance de star de cinéma et ta démarche de reine ont évanoui plus d’un au lycée. Dès le premier jour, je t’ai aimée comme un chien amoureux d’un os de viande charnue et pleine de tendons. Je t’ai traquée comme un guépard chassant une biche à la tombée de la nuit. Je t’ai fait une cour aussi assidue qu’un coq annonçant le jour dans un village bantou. Tout ce que mon père me donnait comme argent de poche était vire dans ton porte-monnaie, aussi vite qu’un transfert de fonds effectué par un dictateur bantou en fin de règne. Je te donnais déjà tout à l’époque, pendant que tu engraissais plus vite qu’ un éléphanteau, moi je maigrissais comme une fourmi affamée

J’ai été châtié et tabassé à maintes reprises par notre professeur d’histoire qui lui aussi était amoureux de toi. L’aurais-tu oublié ? Il y avait également Monsieur Mouthé, le surveillant général qui voulait faire de toi sa deuxième épouse. Ne te souviens-tu pas des supplices et des sévices subis par mes malheureuses fesses et mon pitoyable dos de la part de ce dernier ? Ce vieil ignoble, ventripotent qui avait le crâne semblable à celui d’un cro-magnon avait osé me dire qu’il me tuerait si jamais il me voyait encore virevolté autour de toi. Il m’avait tellement flagellé que j’avais décidé de me venger de lui. Mon ami Kamdem et moi avions un jeudi soir mis sur pied un plan de contre-attaque. Le vendredi soir, aux alentours de 18 heures, alors que le lycée se vidait, nous sommes passés en mode « Vengeance Aigue ».

Pendant que la plupart de nos camarades draguaient les demoiselles du lycée et que certains derrière les salles de classe s’amourachaient, j’ai alors percé les quatre pneus de sa vielle 404. Mon ami Kamdem quant à lui, a rayé la peinture de sa voiture antique et a griffonné sur le pare-brise plein de poussière : « Mouthe, ta mère pond les œufs de canards ! ». Une phrase qui restera dans les annales des neurones avariées de son cerveau de chien enragé. Il faut dire que Kamdem ne l’aimait pas du tout car ce pédo-tortionnaire aigri l’avait surnommé injustement « sauvageon ».

 

Chérie, ta beauté plus que phénoménale en a fait souffrir plus d’un. Les victimes de ton charme étincelant se comptaient par dizaine. Les filles en étaient jalouses et les garçons avaient des palpitations aigües à chacun de tes déhanchements provocateurs.

Amougou peut en témoigner, lui, qui était en compétition acharnée avec moi pour ravir ton cœur de fée. Ce dernier, t’ayant invitée à passer un bon moment avec lui et n’ayant pas trouvé assez d’argent pour t’acheter ton sandwich garni d’omelette à la sardine pimentée, a tout simplement essayé de soutirer deux mille francs dans le sac de sa voisine de banc. Pris la main de le sac, il avait été conduit chez le censeur et ensuite transféré pour amochage distingué et correction hautement disciplinaire chez Monsieur Mouthé alias El Diablo Gestapo . Rappelles-toi, qu’après avoir été libéré par El Diablo, une cinquantaine de mouches, se baladait derrière le pantalon d’Amougou rempli de défécation…

Il lui avait également été demande de recopier mille fois une phrase qui nous avait tous fait marrer à l’époque : « Moi, Amougou Mballa, je ne volerai  plus jamais l’argent de ma voisine de banc ».

 

Mon amour, je te prie de revenir sur ta décision et cela dès lecture de ces mots. Je n’ai pas mangé depuis deux jours. Je n’arrive plus à dormir. Ton corps de reine bantoue est chez tes parents et ton esprit de sirène hante notre chambre jours et nuits.

Alors, dis-moi ce que je vais devenir sans ta voix ensorcelante et ta bouche pulpeuse aux lèvres aussi sucrées qu’un miel sorti tout droit d’une ruche inviolée ? Comment vivrais-je sans tes seins proéminents et aussi juteux que les grosses mandarines que tu as l’habitude de rapporter à ton fils Junior. Que dire de ce ventre aux ondulations sacrées et crée spécialement pour moi ?

Tu pars et tu me laisses là, tout seul, sans ta cambrure de sirène, sans ce derrière rebondissant et abondant de chaire bénite qui me sert très souvent d’oreiller quand je regarde « l’Equipe du dimanche » tard dans la nuit ou quand je lis mon journal préféré. Que vais-je devenir sans ces cuisses pleines, charnues, aussi belles et appétissantes que des gigots de mouton savamment rôtis ? Mais ma chérie, dis-moi, voudrais-tu ma mort ? J’ai des appétences incontrôlées et qui ne peuvent être calmées que par la présence de ta douce chaleur.

Comment as-tu pu oublier que tu as été créée pour moi et pour moi tout seul. Tu mentionnes Maggy, dans ta note, a-t-elle des incisives aussi joliment placées que les tiennes ?

Est-ce que Awa, malgré son sourire que certains disent sublime, atteint tes talons et tes talents de reine Bantoue ?

Madeleine Eteki et Françoise Tsoungui peuvent-elle se comparer à toi l’auguste et sacrée reine de mon cœur ?

 

Tu es la seule dans ma tête et dans mon cœur !

Alors, ne m’énerve pas, ne me rend pas plus fou. Reviens chez toi, cette recréation commence à s’éterniser. Je dis stop ! Double stop et triple stop ! Tu me connais….

A cause toi, quand je passe dans la rue, les gens me regardent étrangement. Beaucoup sont contents, je le sais. J’attends que l’un d’eux ouvre sa grande gueule devant moi et que je le crucifie….

Je crois avoir ma petite une idée sur les propagateurs des sornettes qui t’ont faite partir du domicile conjugal. Je vais les massacrer un à un avec efficacité et appoint. Ils vont le regretter sinistrement. Ta petite sœur que j’ai faite guérir de sa gonococcie chronique le mois dernier chez mon ami herboriste chinois Lee Hang a déjà pris la poudre d’escampette. Voila deux jours qu’elle est portée disparue de la maison. Je finirai par la retrouver et cette fois-ci, on ne parlera plus de gonococcie mais de déformation et paralysie faciale suite à deux ou trois de mes coups de poing paralysants. Ta copine Eliane, lorsque tu la reverras, elle portera un dentier, et marchera avec une canne après qu’elle ait reçu ma visite orageuse dans son salon de coiffure spécialisé en commérages et diffamations aggravés.

Mon ami ou plutôt mon ex ami Dika, je crois qu’il va être amputé d’une ou même de ses deux boules après la dizaine de coups de pieds férocement destructeurs qu’il encaissera dans son paquet testiculaire. Ce dadais, ce malingre de Dika parle de moi et s’oublie lui-même. Cette enflure qui a eu la vie sauve en sautant par la fenêtre d’une chambre d’auberge dans laquelle il était en pleine copulation adultérine… se permet de parler de moi. Il sera châtie pour haute trahison et complot contre ma distinguée personne. Et ce sera tant pis pour sa femme et ses maîtresses…

 

Quant à toi, tu peux revenir sans crainte, car j’ai besoin et surtout très envie de toi. Je ne te ferai donc aucun mal. Mais reviens vite, très vite même, je n’en peux plus. Tu me fais hanter le quartier comme un vampire à la recherche de sang frais. Je te cherche comme Killam, le chien de Kamdem qui va de poubelle en poubelle à la recherche d’un mets consistant. Si tu n’es pas là ce soir, je serai obligé de venir te récupérer de force chez ton père. Dis à ce dernier de ma part de ne pas essayer de s’opposer à moi comme à l’époque du lycée. Sinon, tu seras orpheline et ta mère, veuve dès cette nuit. Ça va être un massacre et tu sais que je ne blague pas lorsque mon intégrité physique et morale est attaquée. Commence donc à faire tes sacs et prend la route de ta maison car je ne peux pas vivre sans toi et je ne te laisserai pas vivre sans moi !!!

 

Merci.

Ton mari qui t’aime et qui souffre.

 

 

Hey Junior ! Va remettre cette lettre à ta mère. Je veux la voir revenir ici avec toi. Si elle ne revient pas, ne reviens pas non plus. Car tu n’as rien fait pour la retenir quand elle partait. Maintenant, tu cries famine, figures-toi fiston que moi aussi j’ai faim, j’ai beaucoup plus faim que toi car moi, j’ai même plusieurs faims….

 

    Black Samourai

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