04192024Headline:

Gouvernement du cameroun Insubordination: après Sani Tanimou, ils sont dans le viseur

D’après le journal la météo d’autres indociles, incrustés dans les hautes sphères de la République, sont dans le collimateur du chef de l’Etat. Et des noms circulent.

Personne ne s’y attendait vraiment. La nouvelle est tombée mardi après-midi comme un couperet. A travers le décret n°2015/323, le président Biya a mis fin à l’ambiance morne qui s’était installée au sein d’Elections Cameroon (Elecam), l’organe en charge de la gestion des scrutins et opérations référendaires. Il a limogé le directeur des élections de cet organe, Mohaman Sani Tanimou, dont les rapports avec sa hiérarchie alimentaient depuis des mois la chronique des faits divers dans les salons huppés du pays.

Le président de la République prend ainsi à contre-pied ses contempteurs, qui passent désormais leur temps à fantasmer sur son âge ainsi que ses capacités à tenir les rênes du pays. On le disait à la fois atone et aphone, exerçant désormais son pouvoir par procuration, pour ne pas dire qu’il avait perdu l’usage du gouvernail.

Le chef de l’Etat vient donc de frapper. En limogeant le Dg d’Elecam, il démontre à suffire que c’est lui le chef et reste le seul garant du bon fonctionnement des institutions républicaines, dans le strict respect des dispositions constitutionnelles.

Selon des indiscrétions du Palais de l’unité, depuis son retour de Mvomeka’a, dimanche dernier, Paul Biya donne clairement des signes qui semblent montrer sa détermination à nettoyer les écuries d’Augias. Une vingtaine de décrets ont ainsi déjà été signés et rendus publics par le chef de l’Exécutif depuis lundi. Dans la même veine, apprend-on, Paul Biya entend mettre un terme à la cacophonie qui règne actuellement dans les hautes sphères décisionnelles. Il ne se passe en effet plus un seul jour sans que la presse ne révèle des cas d’insubordination ou des querelles de clochers ou d’insubordination entre membres du gouvernement, d’une part, entre ministres et directeurs généraux des entreprises d’Etat, d’autre part. Pour ramener de l’ordre dans les rangs, un véritable coup de balai se profile à tous les étages. Certains de ces cas, aujourd’hui sur la table présidentielle du 3ème étage de la tour de marbre d’Etoudi, ont été révélés par La Météo.


Le cas Philemon Yang. 

Le 8 juillet, le Premier ministre a pris une décision portant création, organisation et fonctionnement du Comité de suivi de la gestion des droits d’auteur de l’art musical. Le nouvel organe est placé auprès de ses services. Dans le sérail, il se murmure qu’en prenant cette arrêté, soit le Premier ministre interprète mal les instructions du chef de l’Etat, soit il veut carrément montrer qu’il est au-dessus du président Biya. En effet, au départ, le chef de l’Etat avait simplement instruit le chef du gouvernement d’examiner tous les problèmes qui perturbent la gestion collective du droit d’auteur, et de lui faire des propositions concrètes en vue de l’assainissement de la gestion de ce secteur. Il n’était nullement question, dans les instructions du président de la République, pour Philemon Yang, de se poser en régent des droits d’auteur de l’art musical, allant jusqu’à vider le ministère des Arts et de la Culture (Minac) de sa substance et s’en accaparant les missions et prérogatives, telles que prévues par la Constitution et le décret n°2011/408 du 9 décembre organisant le gouvernement.

Il est ainsi indiqué, à l’article 8 (8) dudit texte, que le Minac est chargé du suivi des activités des structures nationales de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins du droit d’auteur. Bien plus, dans son arrêté du 8 juillet, l’ancien secrétaire général de la présidence ressuscite la Société camerounaise de l’art musical (Socam) et la Cameroon Music Corporation (Cmc), des sociétés de gestion collective dissoutes par la Cour suprême.

Dans l’entourage de «l’homme-lion», l’on considère que Philemon Yang a tout simplement décidé de saper l’autorité du chef de l’Etat et de saborder les institutions républicaines, le chef du gouvernement n’ayant plus le cœur à l’ouvrage depuis des lustres dans l’accomplissement de ses fonctions, mais surtout soucieux de se bâtir une cour d’obligés pour des intentions inavouées. D’où une forte propension au règlement de comptes, à la bassesse et à l’enflure.

 

Sollo, Essimi Menye, Amba Salla… dans le même bateau

Le cas Jean Williams Sollo fait également partie de ces dossiers compliqués sur lesquels Paul Biya devrait bientôt trancher. Le directeur général de la Cameroon Water Utilities (Camwater) est en effet réputé pour son arrogance et son affairisme. Arrogance vis-à-vis de sa tutelle, le ministère des Mines, de l’Eau et de l’Energie (Minee), arrogance à l’endroit du ministère des Marchés publics (Minmap). Après avoir déféré à une convocation du secrétariat d’Etat à la défense chargé de la gendarmerie, le 18 novembre 2013 pour avoir fait sortir indûment 350 millions de francs des caisses de cette société à capitaux publics, l’homme a proclamé sur tous les toits de la République que c’est le Minee, Basile Atangana Kouna, qui alimentait la presse pour le nuire.

En décembre 2014, le Dg de la Camwater avait été rappelé à l’ordre à plusieurs reprises par le Minmap Abba Sadou dans sa tentative d’attribuer, en violation des procédures et du code de déontologie, un marché de fourniture de compteurs de consommation d’eau à la société Alima Obama dont il serait par ailleurs l’un des actionnaires, sinon le propriétaire. Après avoir conduit à la faillite l’Office national de développement des forêts (Onadef), l’un des fleurons de l’économie camerounaise il ya des années, et après avoir vidé de ses ressources la commune d’Akono, située à une cinquantaine de kilomètres au sud de Yaoundé, Jean Williams Sollo, qui a miraculeusement échappé à la prison par des subterfuges, n’a depuis lors cessé de faire main basse sur les caisses de l’entreprise dont il a la charge, et en toute quiétude. Et il prétend avoir le bras long.

Dans la même foulée, le ministre des Travaux publics, Patrice Amba Salla, est accusé de rébellion par Philemon Yang. L’ancien maire d’Ayos aurait en effet mis sur pied une entreprise de travaux publics qui raflerait le gros des marchés de ce département ministériel. En représailles, le Pm aurait confisqué le plan d’urgence du Mintp, toute chose qui aurait conduit à la radicalisation de Patrice Amba Salla.

Le ministre de l’Education de base, Youssoufa Adidja Alim et celui de l’Agriculture et du Développement rural, Essimi Menye, sont également accusés de plomber l’action gouvernementale. Le ministre des Sports et de l’Education physique, Adoum Garoua, est pour sa part sur le grill pour son laxisme et ses gaffes alors que son collègue de l’Enseignement supérieur, Jacques Fame Ndongo, est pointé du doigt comme celui-là qui évolue sans requérir l’avis du chef du gouvernement. Dans cette galaxie, la directrice générale des Douanes est également considérée comme rebelle. Surtout qu’elle s’oppose depuis peu, aux exonérations dont certains pontes du régime ont souvent bénéficiées.

Dans le sérail, il se rapporte que si l’action de certains départements ministériels connaît une torpeur certaine, cela part de l’immeuble Etoile finalement devenu l’épicentre de l’inertie au Cameroun, l’antre des intrigues et le lieu où se retrouvent le plus des retraités commis aux tâches de sabotage tous azimuts.

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