La polyvalente start-up normande s’est imposée dans le reconditionnement des smartphones. Son récent rachat de Save lui ouvre le marché de la réparation.
Un employé, à l’usine Remade de Poilley, en Normandie, en février. La start-up s’est d’abord centrée sur les produits Apple à la valeur de transaction la plus élevée même d’occasion.
A la Fnac en france , ces smartphones sont comme neufs. Seul leur emballage diffère, frappé du logo de Remade in France. Depuis sa création en 2011, et son premier smartphone vendu en février 2014, la start-up connaît un développement fulgurant sur le marché des smartphones » reconditionnés « , ces appareils d’occasion réparés, repackagés et revendus de 15 à 40% moins cher qu’un modèle neuf. Dans ses ateliers situés à Poilley (Normandie), à deux pas du Mont-Saint-Michel, des milliers de portables cassés, rayés ou en panne arrivent chaque jour. Ils y connaîtront une seconde vie : batterie, écran, chaque composant est réparé et remplacé manuellement. Avec 500.000 appareils écoulés en 2016, Remade a explosé son chiffre d’affaires : 134 millions d’euros, contre 23 millions d’euros deux ans plus tôt. Et la start-up recrute à tour de bras : 150 créations d’emplois d’ici à juin ! Pour ce métier particulier, réparateur de smartphones, elle a même ouvert sa propre structure, la Remade Academy, qui assure des formations en deux mois.
A la manœuvre, Matthieu Millet, 37 ans, ancien technicien à Satelec, qui a fait ses armes dans la réparation de télévisions. Très vite, il pivote vers les mobiles et le reconditionnement, plutôt que la simple réparation, et crée Remade Group. En 2015, son entreprise lève 17 millions d’euros, essentiellement auprès d’Idinvest Partners. » Remade est le seul acteur du reconditionné à être rentable « , souligne Valérie Ducourty, partner de ce fonds de capital-risque.
Présent sur toute la chaîne
Pour assurer cette rentabilité, la start-up s’est d’abord concentrée sur les produits Apple. » Avec leurs prix de vente élevés, même sur le marché de l’occasion, ils ont la valeur de transaction la plus importante « , souligne Laurent Lamé, directeur téléphonie et objets connectés à la Fnac. Autre atout pour la jeune pousse, » Matthieu Millet vient du marché de la réparation, contrairement aux autres. Et Remade Group peut tout assurer lui-même sur la chaîne « , poursuit Valérie Ducourty.
De fait, Remade a planté ses banderilles sur toute la chaîne. Elle a son réseau de fournisseurs, « des opérateurs télécoms, des assureurs, et des brokers de déstockage », précise le PDG fondateur. Elle a aussi blindé son réseau de distribution. Carrefour, Auchan, Vente-privée.com, ou SFR revendent ses appareils, souvent en marque blanche. La Fnac, ancien agitateur culturel, n’a pas de fausse pudeur à proposer les produits Remade Group. « Cela correspond à une demande du client depuis deux ans », explique Laurent Lamé. De fait, le reconditionné représente près de 2 millions de smartphones vendus en 2016 selon l’institut GfK, contre 20 millions de neufs.
Activités complémentaires
Encore faut-il grossir. Alors, Remade Group rachète des acteurs complémentaires à son business. Mi-avril, il a mis la main sur Save, star de la réparation de mobiles, placé en redressement judiciaire l’été dernier. Ce qui lui apporte une nouvelle corde à son arc, le segment de la réparation. « Nous allons conserver la marque Save, les 200 salariés et les 70 points de vente. Et nous allons lancer une application mobile dédiée », annonce Matthieu Millet. L’appli orientera les clients vers le point de réparation le plus proche ou les mettra en contact avec un technicien qualifié.
Déjà, début 2016, Remade Group avait avalé Pixmania. Un joli coup, puisque ce précurseur déchu de la vente en ligne est une marque bien connue des internautes pour ses ventes flash de matériel high-tech. Avec cet empilement d’activités, Remade veut trouver des munitions pour s’imposer, à l’heure du tout-recyclage mobile, face à la nuée de concurrents, tels Recommerce, Love2recycle, Back Market, et Volpy. La guerre du smarphone a aussi lieu dans l’occasion.
source : AFP
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