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NGOCK LITUBA : Le rocher percé

Pour le Relèvement du MBOG

dibombari mbockIl y a quelques années, lorsque j’ouvrais un manuel d’égyptologie je rencontrais des noms qui ne m’évoquaient rien d’intelligent, une démarche précoce qui a failli m’aliéner définitivement l’un des pans essentiels de notre patrimoine ancestral. Je pense aujourd’hui que ce que je fais, c’est-à-dire le travail auquel je m’adonne depuis quelques années, ce n’est pas de l’égyptologie, mais le MBOG. Je n’ai pas été initié au MBOG BASSA, tout ce que j’ai appris je le dois au Prof. Cheikh ANTA DIOP auquel j’ai confié ma trajectoire intellectuelle et j’avoue ne pas avoir été déçu, bien au contraire.

Cette conséquence fait que je ne puis m’exprimer sur le MBOG avec autorité bien qu’ayant sur cette question plusieurs choses à dire et dans les veines le sang qui m’en donne toute la légitimité. Mon sentiment est que le MBOG a perdu ses repères ontologiques mais gardé quelques éléments de technicité qui rendent malgré tout opérationnel certains rites. Ceci peut expliquer pourquoi nous rencontrons aujourd’hui des MBOMBOG qui se disent « Chrétiens » ou « Musulmans » sans comprendre la contradiction qu’entraîne de tels écarts et l’écueil que cette rhétorique représente pour la jeunesse, pour notre Avenir.

Je pense, sans prétention, que l’ignorance est au coeur de ce grand écart. Le paradoxe est que c’est en Égypte pharaonique, cette Mère mal-aimée des religions abrahamiques, que j’ai rencontré le MBOG, que j’ai vu le MBOG dans ses manifestations les plus éclatantes, non pas dans nos contrées aujourd’hui défigurées par des siècles d’aliénation et de corruption. Il faut du courage pour reconnaître qu’on est aliéné et de l’endurance pour engager cette longue marche vers le retour à soi. Beaucoup choisissent la duperie et les facilités du moment, mais la vie du pèlerin ne se réalise pas dans le faux-semblant et l’immoralité. Nous devons nous rendre dignes de nos Ancêtres, cette dignité n’a d’autre prix que l’étude et la connaissance de soi. Elle est la condition qui réalisera le Relèvement du MBOG.

Dans le livre « Le Rocher Percé » je parle du MBOG qui réduira, pour un peu qu’on ait de l’honnêteté, cette propension que montrent certains MBOMBOG à faire des prouesses épistémologiques pour s’arranger avec les contraintes du moment. Le « moment » est fugace, mais le MBOG est éternel, et cette éternité est l’ambition avec laquelle nous voulons renouer.

Il est possible de rencontrer une forme de résistance chez nos lecteurs lorsque nous établissons un lien entre l’Égypte pharaonique et la tradition ancestrale du peuple Bassa, car pour beaucoup, cette tradition est née à Ngok Lituba, du nom d’un rocher qui se trouve dans l’actuelle Sanaga-Maritime (Cameroun). Qu’est-ce que Ngok Lituba ? La tradition constituée en fait le lieu d’origine des différents clans des peuple Bassa-Bati-Mpo’o. Le personnage principal auquel se lie cette narrative se nomme NANGA, l’Ancêtre éponyme de la plupart des peuples du Sud-Cameroun.

L’Histoire raconte que Nanga, pourchassé par des ennemis, se réfugia dans une grotte à l’entrée de laquelle une araignée tissa sa toile. Les poursuivants, s’étant aperçu qu’une araignée avait tendu sa toile à l’entrée du passage, se dirent les uns aux autres que si quelqu’un était entré dans cette grotte il aurait nécessairement rompu la toile de l’araignée. Leur crédulité sauva la vie de Nanga, caché à l’intérieur de la grotte.

C’est en considérant cette narrative et l’image de l’araignée salvatrice présente aussi au sein des traditions juive, chrétienne et musulmane qu’il m’est apparu évident qu’elle trouvait nécessairement une place prépondérante dans l’ancestralité la plus lointaine du Continent éthiopien.

L’étude du papyrus d’Ani, document datant de 1500 av. l’ère actuelle, est venue confirmer cette intuition. Ngok Lituba apparaît désormais comme la répétition du gabarit dans lequel s’inscrit la mise en oeuvre de la Civilisation au sein des peuples d’Éthiopie. Ngok Lituba est un ORACLE au sens étymologique propre, du latin oraculum « parole d’un dieu ». Il s’agit dans ce livre de présenter le dieu dont il est question.

Comprendre ce lien suppose de connaître les mots de l’araignée salvatrice au sein de la langue bassa. L’araignée se nomme li.bôbôl en bassa. Le même terme -bôbôl désigne l’étendue céleste, la voûte étoilée. En bassa, li.bol désigne l’oracle, le lieu de consultation du Ngambi, l’araignée divinatrice. Le bassa bol « pratiquer l’art divinatoire » ou « moyen grâce auquel on pratique l’art divinatoire » donne le verbe bôlha « faire pratiquer l’art divinatoire », homonyme de bôlha « faire pourrir quelque chose ». Le bassa dira bôlôl « pourrir dans un endroit ».

L’homonymie entre bol « pourrir » et -bol « oracle » fonde notamment le thème de l’ORACLE DE DELPHES, lieu regardé comme le tombeau de PYTHON aussi appelé « LE POURRISSANT ». Nous laissons au lecteur le soin de poursuivre la découverte de la richesse du patrimoine éthiopien à travers la lecture de ce livre, et rappelons, pour conclure, que le terme VATICAN, siège de l’institution chrétienne qui connaît une allégeance de certains MBOMBOG peu éclairés, procède lui-même du latin vates « devin », « oracle », terme qui trouve, ainsi que nous le montrons dans le livre, une origine au sein des langues éthiopiennes.

Par :  DIBOMBARI MBOCK (Amenhemhat Dibombari )

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