Folle semaine au Gabon: assemblée dissoute, nouveau gouvernement et promesse d’élections

Folle semaine au Gabon: assemblée dissoute, nouveau gouvernement et promesse d’élections
Le Premier ministre gabonais Emmanuel Issoze Ngondet, qui vient d’être reconduit dans ses fonctions, s’exprime le 29 septembre 2016 à Libreville. | AFP/Archives | STEVE JORDAN

Le Gabon vient de connaître une folle semaine politique totalement inédite: en quatre jours, l’Assemblée nationale a été dissoute, un nouveau gouvernement formé, sans bouleversement majeur et avec pour objectif d’organiser des législatives plusieurs fois reportées.

Deux jours après sa démission, un nouveau gouvernement de 41 membres dirigé par le Premier ministre sortant et reconduit, Emmanuel Issoze Ngondet, a été présenté tard vendredi soir par le secrétaire général de la présidence, Jean-Yves Teale.

La tâche essentielle de la nouvelle équipe qui ne sera responsable que devant le président Ali Bongo, sera d’organiser des élections législatives, deux fois annoncées et reportées depuis 2016.

Par rapport au précédent gouvernement, les principaux ministres restent à leur poste ou bien changent d’affectation.

C’est en particulier le cas de l’influent Alain-Claude Bilie By Nzé, ex-ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, qui devient ministre des Sports, de la Culture et du Tourisme. Il est remplacé à son poste par l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur, Guy Bertrand Mapangou.

La nouveauté principale de la nouvelle équipe est la nomination de trois nouveaux opposants qui y sont désormais sept. Parmi eux, Jean de Dieu Moukagni Iwangou, nommé ministre d’Etat chargé de l’Enseignement supérieur. Selon son parti, M. Iwangou aurait toutefois refusé le poste.

– Soutien de Ping –

Dirigeant du parti Union et Solidarité, il avait soutenu le chef de l’opposition Jean Ping à la dernière présidentielle de 2016, remportée de justesse par le sortant Ali Bongo, une victoire que conteste toujours M. Ping.

La nomination de ce nouveau gouvernement a été l’aboutissement d’une semaine riche en rebondissements ayant débutée mardi par l’annonce surprise par la Cour constitutionnelle de la fin du mandat de l’Assemblée nationale. La Cour exigeait en parallèle la démission du gouvernement de M. Issoze Ngondet.

Raison invoquée par la Cour, l’incapacité du gouvernement et de sa majorité à l’Assemblée nationale d’organiser dans les temps, avant fin avril, les élections législatives.

« Les conditions n’étaient pas remplies », selon un porte-parole de la présidence, qui cite en particulier la révision des listes électorale et la mise en place d’un Conseil gabonais des élections (CGE) devant remplacer la Commission électorale nationale autonome et permanente (Cenap).

Une des ces conditions a depuis été remplie, les membres de la CGE, composée de représentants de la majorité et de l’opposition, ayant prêté serment mercredi devant la Cour constitutionnelle.

La Cenap avait validé en 2016 la réélection du président Ali Bongo, ce qui avait donné lieu à des violences meurtrières.

Les manifestations des partisans de Jean Ping, descendus dans les rues de Libreville pour contester les résultats, avaient été sévèrement réprimées par les forces de l’ordre et de sécurité.

– ‘Micmac’ –

Pour l’opposition, les rasions invoquées par le pouvoir et la Cour constitutionnelle ne sont que des « arguties » destinées à reporter une fois encore les législatives.

Elle dénonce en outre la « connivence » entre le président Bongo et la présidente de la Cour constitutionnelle, Marie-Madeleine Mborantsuo, en poste depuis 20 ans.

Avec l’aval du gouvernement et de la présidence, « la Cour constitutionnelle est à la manoeuvre depuis 2016 », affirme Jean Gaspard Ntoutoume Ayi, l’un des responsables du principal parti d’opposition du Gabon, l’Union nationale.

Selon lui, « depuis la présidentielle de 2016, le pouvoir se refuse à organiser les élections, car il est sûr de ne pas pouvoir les gagner, il est dans l’impasse ».

Et en exigeant la dissolution de l’Assemblée nationale et la démission du gouvernement, la Cour « a mis la constitution de côté et s’est donnée un pouvoir qu’elle n’a pas », ces prérogatives revenant au chef de l’Etat.

« C’est grave et très mauvais pour le pays car cela crée une réelle instabilité », affirme M. Ayi qui ajoute: « C’est le type de situation qui peut mener à un coup d’Etat ».

La plupart des Gabonais, plus occupés à trouver du travail et à gagner correctement leur vie, n’auront sans doute pas très bien compris ce qui vient de se tramer dans les sphères dirigeantes.

« Quel micmac! », soupire William, un jeune de 27 ans qui vient de terminer un master en bancassurance et qui, en attendant de trouver un vrai travail, vit de petits boulots: « Nous ce qu’on veut c’est que l’économie reparte pour pouvoir travailler »

     NDLR ===========>  LE NOUVEAU GOUVERNEMENT

Le secrétaire général de la présidence de la République, Jean Yves Teale. © D.R.

PREMIER MINISTRE, CHEF DU GOUVERNEMENT M. Emmanuel Issoze Ngondet

LES MINISTRES D’ÉTAT

  1. Ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères, de la Cooperation, de la Francophonie et de l’Intégration régionale • M. Régis Immongault Tatangani
  1. Ministre d’Etat, de la Justice et des Droits humains, Garde des Sceaux • M. Edgard Anicet Mboumbou Miyakou
  1. Minstre d’Etat, ministre de la Sante et de la Famille • Mme Denise Mekam’ne Edzidzie épouse Taty
  1. Ministre d’Etat, ministre de la Défense nationale • M. Etienne Massard Kabinda Makaga
  1. Ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, charge de la Décentralisation et du Développement local • M. Lambert Noël Matha
  1. Ministre d’Etat, ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement • M. Guy-Bertrand Mapangou
  1. Ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale • M. Francis Nkea Nzigue
  1. ministre d’Etat, ministre des Sports et de la Culture charge du Tourisme • M. Alain Claude Bilie By Nze
  1. Ministre d’Etat, ministre du Budget et des Comptes publics • M. Jean-Fidèle Otandault
  1. Ministre d’Etat, ministre de l’Habitat • M. Michel Menga M’essone
  1. Ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur • M. Jean De Dieu Moukagni Iwangou

LES MINISTRES

  1. Ministre de l’Economie, de la Prospective, et de la Programmation du Développement • M. Jean-Marie Ogandaga
  1. Ministre de la Promotion des Investissements et des Partenariats publics-prives • Mme Madeleine Berre
  1. Ministre de l’Equipement, des Infrastructures et des Mines • M. Christian Magnagna
  1. Ministre du Pétrole et des Hydrocarbures • M. Pascal Houagni Ambouroue
  1. Ministre de l’Eau et de l’Energie • M. Patrick Eyogo Edzang
  1. Ministre de l’Egalite des Chances, charge de la Décennie de la Femme • Mme Estelle Ondo
  1. Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, charge du Programme Graine • M. Biendi Maganga Moussavou
  1. Ministre des Petites et Moyennes entreprises et de l’Artisanat • M. Julien Nkoghe Bekale
  1. Ministre de l’Industrie et de l’Entreprenariat national • Mme Carmen Ndaot
  1. Ministre des Eaux et Forêts, charge de l’Environnement et du Développement durable • M. Jacques Denis Tsanga
  1. Ministre de la Fonction publique, de la Modernisation du Service public charge de la Réforme de l’Etat • M. Ali Akbar Onanga Y’obeghe
  1. Ministre du Commerce • M. David Mbadinga
  1. Ministre du Travail, de l’Emploi et de la Jeunesse, charge de la Formation professionnelle • M. Arnauld Calixte Engandji Alandji
  1. Ministre de la Pêche et de la Mer • Mme Chantal Loupdi
  1. Ministre des Relations avec les Institutions Constitutionnelles • M. Noël Nelson Messone
  1. Ministre des Transports et de la Logistique • M. Justin Ndoundangoye
  1. Ministre de la Protection sociale et de la Solidarite nationale • M. Guy-Maixent Mamiaka

 LES MINISTRES DELEGUES

  1. Ministre délégué auprès du Premier ministre, charge du Suivi des Actes du Dialogue • M. Placide Ndong Meyo
  1. Ministre délégué auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, de la Sécurité, charge de la Décentralisation et du Développement local • Mme Patricia Taye
  1. Ministre délégué auprès du ministre de la Communication • Mme Chantal Akouosso
  1. Ministre délégué auprès du ministre de l’Economie, de la Prospective, et de la Programmation du Développement • M. Hilaire Machima
  1. Ministre délégué auprès du ministre de l’Equipement, des Infrastructures et des Mines • Mme Paule Christiane Gondi – M’bouala
  1. Ministre délégué auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Education nationale • Mme Edwige Betha Essoukou
  1. Ministre délégué auprès du ministre d’Etat, ministre du Budget et des Comptes publics • Mme Irène Lindzondzo
  1. Ministre délégué auprès du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de la Francophonie et de l’Intégration régionale • Mme Clotilde Chantal Mboumba Louey
  1. Ministre délégué auprès du ministre d’Etat, ministre de l’Equipement, des Infrastructures et des Mines • M. Jean – Marie Obame Ondo

 

  1. Ministre délégué auprès du ministre de la Protection sociale et de la Solidarité nationale • M. Jonathan Ndoutoume Ngome
  1. Ministre délégué auprès du ministre des Eaux et Forêts, charge de l’Environnement et du Développement durable • Mme Léa Mikala
  1. Ministre délégué auprès du ministre d’Etat, ministre des Sports et de la Culture, charge du tourisme • Mme Laeticia Diwekou

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