par Benjamin Zebaze /
Le gouvernement, après de nombreux atermoiements a enfin lancé la faculté de médecine de l’Université de Dschang.
Quand on aime cette ville, ce qui est mon cas, on est content. Mais il y a assez de points négatifs pour doucher l’enthousiasme du plus optimiste des « Dschangman ».
POURQUOI UNE UNIVERSITÉ A DSCHANG ?
Je sais que j’agace beaucoup de « facebookeurs » avec mes rappels historiques ; mais peut-on comprendre le présent et envisager sérieusement l’avenir sans s’appuyer sur le passé ?
Dschang a été pendant longtemps, comme chacun sait, la capitale du « pays bamiléké ». L’origine du nom de cette ville n’est pas claire. Même le patriarche Momo de regretté mémoire, incollable sur l’histoire de cette ville, n’a pas pu être précis.
Entre autres hypothèses, il a suggéré que lorsque le colonisateur allemand arrive, après avoir bravé la terrible falaise de Santchou, à la place nommée plus tard « place de l’indépendance », il découvre une grande dispute entre les habitants. Avec des gestes, ils essayent de savoir ce qui se passe et où il se trouve.
Les villageois répondent : « Atsang…Atsang me ndi », autrement dit « Une palabre…une palabre monsieur ».
Les allemands conclurent qu’ils venaient de découvrir « Atsang », c’est-à-dire Dschang, en patois local « Atsang ». Même si c’est faux, c’est bien raconté, comme disent les italiens.
Dans les montagnes de Bafou, les allemands y ont installé la villa du chef de leur « corps expéditionnaire » à cause de la douceur du climat.
Pour des raisons longues à expliquer ici, Ahmadou Ahidjo décide de transférer la capitale provinciale à Bafoussam.
Au cours de son discours, il indique néanmoins clairement que l’ancêtre de l’Université, le Collège national d’agriculture (le CNA qui formait les techniciens d’agriculture diplômés du Bepc) restera à Dschang.
Plus tard, l’Ensa quittera Yaoundé pour Dschang avant que, pour briser les grèves à répétition à Yaoundé, Paul Biya ne crée la célèbre université.
De quelques centaines d’étudiants au départ, on peut dire que cette institution a drainée plus de 30 000 personnes (étudiants, enseignants, administratifs, commerçants, voleurs, prostituées…) dans le district.
C’est incontestablement la ville qui se développe le plus rapidement à l’Ouest. On pourrait d’ailleurs résumer la situation ainsi : à Bafoussam on économise, à Dschang, on dépense.
L’IMPACT SUR L’UNIVERSITÉ DES MONTAGNES
Personne ne me fera croire que le récent décret du pouvoir est anodin. .
Je me suis parfois demandé pourquoi l’Etat fermait les yeux sur les dérives, venant d’une institution bénéficiant d’une délégation du service public.
Il apparait nettement que de manière très subtile, le pouvoir a décidé d’en finir avec cette institution qu’il supportait à peine. Il faudrait un véritable miracle pour que l’UdM s’en sorte. Qui va encore en vouloir au ministre Jacques Fame Ndongo ?
Quel parent va encore dépenser plus de 7 millions pour des études de médecine alors qu’à la fac, si mes informations sont bonnes, il n’aura que 50 000 Fcfa par an à payer ?
Comment l’UdM va-t-elle s’y prendre pour rembourser les 5 Milliards de crédit à l’Agence Française de Développement, sachant que le programme d’investissement a subit un léger « rhume » pour des raisons sur lesquelles je reviendrai abondamment ?
Un proche du dossier m’indiquait hier, la voix enrouée : « c’est un coup politique génial ».
Et pourtant, des nombreux membres de l’association qui chapeautent l’UdM (AED) n’ont pas ménagé leur peine pendant des années pour soutenir le Rdpc et son fondateur, sous prétexte de protéger l’institution.
Certains des plus illustres venant dispenser des cours, à la sortie d’un meeting, une « quasi soutane », avec l’effigie de l’homme du 06 novembre aussi présente que la photo du Christ dans une école catholique, les emballant.
Vont-ils se précipiter, une fois de trop, pour signer une motion de soutien et de déférence particulièrement dithyrambique dont ils ont le secret, afin de le remercier pour avoir signé l’arrêt de mort de l’UdM ? Le choix est quand même cornélien.
LE FÉDÉRALISME N’AURAIT PAS PERMIS UNE TELLE CONCENTRATION
La Menoua exulte ; elle a raison. Mais est ce que tout cela est justice ? On voit que Dschang devient petit à petit l’une des villes les plus importantes du pays ; Bafoussam, en tant que capitale régionale a un fort potentiel : et les autres ?
Dans l’extrait de mon livre que j’ai publié à plusieurs reprises sur Facebook, j’ai indiqué qu’il fallait « donner un peu » à chaque ville, en matière de formation des jeunes.
La justice et l’équité eurent consisté à installer cette faculté à Foumban ou Mbouda, Bafang…voir Bagangté pour constituer dans la ville un pôle de formation médicale fort.
Dans un Etat fédéré, les autorités auraient vite perçu le problème, très ruineux sur le plan électoral.
Paul Biya veut juste créer de la zizanie et donner des arguments stupides à ses créatures lors des futures joutes électorales.
MAIS JE NE SAURAIS TERMINER SANS RAPPELER A QUEL POINT PAUL BIYA N’AIME PAS SES FRÈRES DU SUD ET SON « BÉTAIL ÉLECTORAL » A L’EST. Qu’est ce qui peut justifier que dans ce partage du « gâteau médical », seules ou presque ces deux Régions soient exclus ? Qui s’en occupera une fois le « Renouveau » derrière nous ?
LA TRISTE RÉALITÉ NOUS RATTRAPERA
Franchement, quels criminels inspirent notre gouvernement ? Comment peut-on créer des institutions de formation en médecine sans se poser quelques questions essentielles :
– L’objectif est-il de soigner les populations ou de distribuer des diplômes, des « permis de tuer » ?
– Où va-t-on trouver tous les spécialistes qu’il faut pour former cette jeunesse ?
– Sur quel matériel, avec quelle logistique les futurs médecins vont s’exercer pour lutter contre des pathologies de plus en plus complexes ?
– Dans quels bâtiments ? …
Les questions sans réponses sont nombreuses. On a vue comment, malgré « l’Union Européenne », les médecins roumains nettement mieux formés que les nôtres ont eu du mal à exercer en France notamment. On parlait de presque 4 années pour la remise à niveau.
Peut-être souhaitons-nous que les nôtres aient besoin d’un quart de siècle pour cette remise à niveau, pourvu que son excellence monsieur le président de la République obtienne un nouveau mandat de sept années, pour finir plus âgé que … Robert Mugabe ?
Minable.
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