«J’ai eu une année difficile, alors j’ai cette rage, cette envie de jouer au football et d’en profiter jusqu’à la fin de ma carrière. C’est comme si j’avais à nouveau 18 ans», lâche Paul Pogba, dans une interview diffusée ce lundi par la chaîne qatarienne Al Jazeera. Une année marquée par les blessures et cette affaire d’extorsion dans laquelle est impliqué l’un de ses frères, Mathias. «Le football est cruel, les gens peuvent vous oublier le jour d’après. Ils vous attendent au coin: « Il est fini, sa carrière est finie ». Beaucoup pensent que je suis fichu, que je suis mort, que Pogba n’existe plus, que je ne suis plus un des meilleurs, que je ne suis même plus un bon joueur, que je suis toujours blessé…», a encore ajouté le champion du monde de 30 ans, assurant ne pas être «faible».

Il aura de nouveau l’occasion de montrer sa force de caractère avec cette nouvelle épreuve : selon le Corriere Della Sera, l’agence de presse Ansa et plusieurs autres sources italiennes, des traces de testostérone synthétique ont été découvertes après un contrôle antidopage réalisé après Udinese-Juventus (0-3), le 20 août dernier, lors de la première journée du championnat d’Italie. Un match lors duquel l’ancien milieu de terrain de Torcy, Le Havre et Manchester United, remplaçant au coup d’envoi, n’était pas entré en jeu avec le club de Turin. Un second test pourrait être effectué dans les prochains jours afin de confirmer le résultat du premier échantillon.

Victime de plusieurs pépins physiques ces dernières années, l’international tricolore (91 sélections, 11 buts) sort d’une saison quasi blanche (10 matches) en 2022-23, pour son retour dans le Piémont après six ans chez les Red Devils. Le voilà suspendu à titre provisoire par l’Agence italienne antidopage (Nado), citée par l’AFP. Après le match contre Udine, Pogba a disputé 24 minutes face à Bologne (1-1) et 28 contre Empoli (2-0), se blessant à nouveau. «Les examens réalisés ont montré une légère surcharge musculaire au niveau de la cuisse droite», a indiqué la Juve, écartant l’hypothèse d’une déchirure. Mais c’est bien le dernier des problèmes pour Pogba désormais…

Quatre ans de suspension

Au moment d’écrire ces lignes, les réactions de l’intéressé et de la Juventus se faisaient encore attendre. Une chose est sûre : si les faits sont avérés et que Pogba n’est pas en mesure de démontrer que le produit retrouvé dans ses urines a été ingéré par mégarde, le natif de Lagny-sur-Marne risque quatre ans de suspension. Ce qui mettrait clairement en péril la fin d’une carrière qui tourne au cauchemar pour l’un des tauliers de la France championne du monde en 2018, lui dont la Juve aurait aimé se séparer cet été au mercato d’après de multiples sources, un an après l’avoir rapatrié de Manchester sans indemnité de transfert. Son salaire pèse lourd dans les comptes de la Juventus. Surtout pour un joueur qui est plus souvent à l’infirmerie que sur les terrains… Sans parler des questions extra-sportives qui pourrissent la vie de Pogba et de sa famille, avec cette sombre affaire de tentative d’extorsion en bande organisée.

Las, le Français, sous contrat jusqu’en 2026 dans la Piémont, où il jouit du plus gros salaire de l’effectif, n’a pas trouvé preneur. En tout cas pas aux conditions attendues par le club aux 36 titres de champion d’Italie… «Je crois en lui et en sa capacité à retrouver son meilleur niveau, mais ça ne se fera pas en claquant des doigts», disait récemment Didier Deschamps, expliquant ainsi la non-sélection de Paul Pogba pour le rassemblement de septembre et les matches contre l’Irlande jeudi dernier (2-0), au Parc des Princes, et l’Allemagne ce mardi à Dortmund en amical (21h). Contraint de le laisser de côté pour la Coupe du monde 2022 au Qatar, «DD» ne l’a plus appelé depuis le mois de mars dernier. Titulaire contre la Côte d’Ivoire (2-1) le 24 mars, Pogba était entré en jeu contre l’Afrique du Sud (5-0) quatre jours plus tard, délivrant une passe décisive au passage. L’avenir dira s’il s’agit de sa dernière offrande sous le maillot bleu…

«Il y avait des fois où je me retrouvais seul et je me disais : « Je ne veux plus avoir d’argent, je ne veux plus jouer, je veux juste être avec des gens normaux, qui m’aiment pour ce que je suis, pas pour la gloire ou l’argent ». Parfois c’est dur», a encore raconté Paul Pogba à Al Jazeera, évoquant cette annus horribilis qu’il vient de vivre. Et d’ajouter : «Allah m’a aidé, j’ai réalisé que c’était ma vie, que je devais la prendre comme ça et que cela allait seulement me rendre plus fort». Reste à savoir comment Paul Pogba va vivre cette nouvelle épreuve.