Camer ET L’ART DE LA SÉDUCTION Depuis… Par Theo Ngongang-Ouandji

Camer ET L’ART DE LA SÉDUCTION Depuis…  Par Theo Ngongang-Ouandji

CAMER ET L’ART DE LA SÉDUCTION

Depuis la nuit des temps, quand un homme rencontre une femme, quelle que soit la nature de leurs statuts respectifs, lorsqu’ils se plaisent, ils s’attirent, et ce qui s’en suit est l’objet de mon topo: ils se séduisent, ou tout au moins tentent de le faire, l’art de la séduction n’étant pas l’apanage des hommes bien évidemment! Et il n’y a rien d’anormal à tout cela, je dirais même plus, c’est un jeu qui ne disparaîtra pas de si tôt, même s’il produit fatalement des heureux et des malheureux!

Les techniques varient selon les cultures, les époques, les mœurs ambiantes et les moyens aussi, bien sûr, car comme m’avait si bien rappelé un ami: le combat est le même, ce sont les armes qui diffèrent! Histoire de championnats et de ligues qui varient quoi…

Pour rester dans notre Mboa adoré, quand on compare les générations de nos parents aux nôtres, il est clair que les techniques de séduction ont beaucoup changé, mais je ne dirais pas nécessairement qu’elles ont évolué car le « end game » demeure le même: nous (hommes) nous ajustons constamment aux « exigences » des femmes, et cela parfois au prix de lourds sacrifices Parlons-en un peu…

Je me souviens encore de mes conversations avec mon père quand il décrivait ses camarades de classe « chauds gars » à l’internat, à Libamba ou même plus tard, au Lycée Leclerc. Ils soignaient leur apparence, portaient des pantalons « Tergal » et des chemises « amidonnées » et leur succès auprès de la gent féminine y était du, tout au moins en partie. Puis, toujours selon Papa, ils « parlaient bien », traduisez: ils séduisaient les femmes par leur éloquence déjà à l’époque, dans le maniement de la langue de Voltaire. Certains avaient la bonne fortune d’avoir des origines royales ou nobles, ce qui contribuait aussi, semble-t-il, à leur succès.

Si toutes ces armes sont non-négligeables, la réalité de l’époque de nos parents, à mon humble avis, est que la séduction était rendue aisée par le fait que les familles « présentaient » généralement les jeunes filles aux potentiels futurs maris, les mariages arrangés étant de mise à l’époque! Je n’enlève rien à la finesse des beaux parleurs mais leur boulot, et le manque de réelle « compétition » dans leur ligue a eux, leur donnait un réel avantage…Car nous savons tous que leurs camarades de promo moins « fortunés » se battaient comme ils pouvaient mais bon…Le dehors…

Durant nos années chaudes à nous, comprenez les années 80 et 90, les mêmes artifices que ceux des amis de nos parents semblent avoir porté quelques fruits… En effet, dès le Lycée, oui le même, certains de nos camarades de classes se distinguaient déjà par le soin qu’ils accordaient à leur apparence. Mais puisque nous portions tous un uniforme, c’est dans les accessoires que se créaient les nuances. Entre les baskets TopTen, les Palladium ou même les Stan Smith toutes blanches, et les blousons Jean de Lois ou ceux de Michael Jackson, il fallait faire la différence. Puis, tous ados que nous étions, nous développions cet art qui commençait dans le regard.

À la récré, les repérages se faisaient et au hasard d’un « regroupement à la cantine », il fallait donc affronter la gent opposée! Après le regard, le sourire suivait (pour les chanceux) puis, l’esquisse d’une conversation démarrait. Les plus grands séducteurs de nos générations savaient trouver le mot juste pour capturer l’attention des demoiselles. Nous ne saurons jamais ce qu’ils se disaient mais de loin, elles semblaient passionnées par leurs discours! Les moins chanceux à ce moment-là évoluent alors dans un championnat différent, ils se battent comme ils peuvent, ils sont même créatifs, mais ne pêchent juste pas dans les mêmes eaux que les autres, ils n’y ont tout simplement pas accès. Dur dur…

Jusque-là, nous parlons de séduction « active » avec des gars vifs, chauds, les vrais attaquants quoi, mais séduction à laquelle j’opposerai une séduction « passive », celle « moins chère » des autres. Suivez-moi bien.

Contrairement à la séduction active, la séduction passive se dévoile dans le temps, elle ne produit de résultats qu’au long terme et en général, demande des concours de circonstances favorables. Qui ne se souvient pas de la voisine du quartier, belle comme la lune mais qui semblait inaccessible car convoitée par les plus grands, les plus rodés (les gars de la fac, remember ? Je sais, ça fait encore mal). Malgré tout, certains qui ont déployé les techniques de la séduction passive sont arrivés à leurs fins, mais bien des années plus tard. Ce sur quoi ils comptaient, le sourire furtif esquissé quand elles attendaient leur taxi, ou le merci reçu quand ils ramassaient leur classeur tombé dans la classe, toutes ces marques d’attention les intimidaient mais ils notaient quand même qu’elles les avaient remarqués.

Et parlant de circonstances, lorsque le hasard les réunissait dans un bled aussi lointain que l’URSS par exemple à l’époque, ces même petits gestes devenaient des armes de séduction car là-bas, entre le froid et les cours de langue, on fait avec « ce qu’on a ». *

En plus, dans leurs perpétuelles mutations émotionnelles, nos chères sœurs se laissent séduire par d’autres critères que ceux de leurs époques glorieuses, ce qui procure donc un petit avantage aux séducteurs passifs mais dont le bon niveau en Maths laissait augurer une carrière certaine devant! Qui est fou?Avançons!

Avançons, car aujourd’hui dans ce même Mboa adoré, les choses ont quand même bien changé! Il semblerait que la crise économique tirant sa source dans la dévaluation de notre monnaie de singe et son cortège d’inflation et de vie chère aient poussé nos sœurs à « élever le niveau », à « monter les enchères » quoi !

L’art de la séduction s’est transformé en une espèce de fourre-tout, ou l’argent est devenu le maître-mot dans ce jeu qui au départ était presque innocent. Les grands séducteurs (s’il faut les appeler ainsi), ceux-là en tout cas qui semblent avoir du succès auprès des dames de la champions league, ceux-là se recrutent dans de nouvelles catégories sociales :
Entre les  » feymans  » d’une époque, dont l’accoutrement à lui seul était « bling bling » et dont le français approximatif n’effrayait personne, gentlemen qui roulaient carrosses dans nos rues étroites au volant de bolides rutilants, et les nouveaux riches d’aujourd’hui, aux fortunes douteuses et à l’apparence bon chic bon genre, on ne sait plus qui sont les maîtres de la séduction tant cela semble facile pour eux de s’entourer des plus belles femmes de la cité! J’en suis même venu à me demander si elles succombent vraiment à leur art (ou leur charme) ou alors si elles sont plus intéressées par leurs poches et le train de vie que celles-ci leur procurent! Ma question est d’ailleurs légitime, puisque l’expression jadis utilisée par mon père

     « Ils parlaient bien » a aujourd’hui le sens (très éloigné de l’élocution) que vous lui connaissez tous : c’est la poche qui parle! Le dehors…

Existe-t-il encore vraiment un réel art de la séduction aujourd’hui? Nos sociétés et les mœurs qui s’y développent (ou s’y travestissent c’est selon) me font un peu peur, je l’avoue! Bon, si vous avez des éléments de réponse à mes questions, je vous suis toute ouïe!

#Onvafairecomment
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