Le coup d’Etat au Niger suscite des inquiétudes sur l’exploitation de l’uranium par le groupe français Orano et sur les conséquences de l’indépendance énergétique de la France.
Une semaine après le coup d’Etat perpétré au Niger par le général Abdourahamane Tiani, la France a achevé, mercredi 2 août, l’évacuation de six cents ressortissants français. Ce contexte politique incertain suscite également des inquiétudes économiques.
En France, les craintes portent plus particulièrement sur l’exploitation de l’uranium nigérien, et les éventuelles conséquences pour notre indépendance énergétique. Ressource naturelle fondamentale au fonctionnement des centrales nucléaires françaises, l’uranium extrait au Niger est exploité depuis plus de quatre décennies par le groupe français Orano (ex-Areva), spécialisé dans le cycle du combustible nucléaire.
Trois mines exploitées au Niger
La multinationale, détenue à 90 % par l’Etat français, exploite partiellement trois mines nigériennes, dont une seule est en activité :
- Les mines de l’Aïr, dont la société d’exploitation Somair est détenue à 63,4 % par Orano, sont basées à proximité de la ville d’Arlit (dans le désert au nord du Niger). Arrivée quasiment à épuisement, son exploitation a toutefois été prolongée jusqu’en 2040.
- Le site minier d’Akokan, à une dizaine de kilomètres d’Arlit, est fermé depuis fin mars 2021. Les réserves étant épuisées après quatre décennies d’exploitation, la Compagnie minière d’Akouta, détenue à 59 % par Orano, travaille désormais à un projet de réaménagement de ses sites.
- Enfin, Orano détient 63,52 % de la société d’exploitation de la mine d’Imouraren, située à 80 kilomètres au sud d’Arlit, et considérée comme l’un des plus grands gisements d’uranium au monde. Mais après la délivrance d’un permis d’exploitation en 2009, la production du site a été suspendue, faute de conditions de marché favorables.
Orano a, pour l’instant, annoncé la poursuite de ses activités d’extraction, malgré le putsch nigérien. « Les équipes sur place sont mobilisées pour assurer la continuité des activités sur les sites d’Arlit, d’Akokan et au siège à Niamey avec le support des équipes en France », a fait savoir le groupe sur son site Internet le jeudi 3 août.
Le Niger, parmi les trois principaux importateurs
Pour faire fonctionner les cinquante-six réacteurs nucléaires répartis dans les dix-huit centrales françaises, l’exploitant EDF a besoin d’environ 8 000 tonnes d’uranium naturel en moyenne chaque année. Après l’arrêt de l’extraction sur le sol français au début des années 2000, la France s’est tournée vers plusieurs pays simultanément pour son approvisionnement. Cette diversification des fournisseurs est un gage de sécurité pour EDF.
Sur les dix dernières années, les 88 200 tonnes d’uranium naturel importées vers la France provenaient essentiellement de trois pays : le Kazakhstan (27 %), le Niger (20 %) et l’Ouzbékistan (19 %). Le Niger étant une place importante, mais surestimée par certains responsables politiques, dans l’approvisionnement de la France.
A l’échelle mondiale, toutefois, « le Niger est devenu un producteur secondaire au fil des ans, car les coûts de production y sont élevés et les prix, eux, se sont affaissés jusqu’en 2016 après [l’accident nucléaire de] Fukushima », explique Teva Meyer, maître de conférences à l’université de Haute-Alsace et chercheur à l’IRIS, aux Echos. Ainsi, en 2022, le Niger ne représentait plus que 4 % de la production mondiale, bien loin derrière le Kazakhstan (43 %), le Canada (15 %), la Namibie (11 %) et l’Australie (8 %).
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