Poutine a-t-il favorisé Trump? Voici ce que dit le renseignement américain

Poutine a-t-il favorisé Trump? Voici ce que dit le renseignement américain

Poutine a-t-il favorisé Trump ? Voici ce que dit le renseignement américain. ( rapport ICA_2017_01 )

Le contexte

• La direction du renseignement américain a rendu publique, le 6 janvier, une version déclassifiée de son rapport sur l’implication des services de renseignement russes dans la campagne électorale américaine. Ce rapport accuse directement le président russe, Vladimir Poutine, d’avoir cherché à influencer le résultat de l’élection présidentielle américaine en faveur de Donald Trump. Jamais un rapport conjoint des trois agences de renseignement américaines n’a accusé aussi directement une puissance étrangère d’interférence dans l’élection du président. C’est une première.

• Ce rapport conjoint du FBI (Bureau fédéral d’investigation, de la CIA (Agence centrale de renseignement) et de la NSA (Agence de sécurité nationale) s’appuie sur les enquêtes menées concernant le piratage du Comité national du parti démocrate (DNC) et de la boîte e-mail du directeur de campagne d’Hillary Clinton, John Podesta.

• La CIA et le FBI affirment avoir une « grande confiance » dans les conclusions du rapport. La NSA exprime une « confiance modérée ». Dans le jargon des agences de renseignement, cela signifie que la NSA considère « les informations comme plausibles et sourcées de manière crédible ».

• Le rapport rendu public ne fournit aucun détail des enquêtes menées par les services de renseignement. Mais ceux-ci ont été exposés lors de la rencontre, vendredi 6 janvier, entre les représentants du renseignement américain, le président élu Donald Trump et le vice-président élu Mike Pence.

Ce que dit le rapport

• « Nous pouvons affirmer que le président russe, Vladimir Poutine, a ordonné une campagne visant à influencer la campagne électorale de 2016. Les buts de la Russie étaient de miner la confiance du public dans le processus démocratique, de dénigrer Hillary Clinton, et de nuire à ses chances d’être élue ou d’être une présidente crédible. »

• Les agences américaines affirment que la Russie a mené « une campagne globale », « qui mélangeait des opérations de renseignement et de piratage avec des efforts menés par les agences gouvernementales, des médias publics russes, des intermédiaires rémunérés et des “trolls” (« harceleurs ») sur les réseaux sociaux ».

• Le rapport affirme avec une « grande confiance » que le GRU, les services de renseignement militaire russes, se cachait derrière Guccifer 2.0, le hacker du DNC, et le site « DCleaks.com », sur lequel ont été publiées des données issues du piratage du DNC.

• Le rapport affirme que le GRU qui a transmis les documents piratés à des médias russes et à WikiLeaks (ce que nie Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks).

• Le rapport contient une annexe qui dénonce et détaille le rôle de la télévision publique RT (Russia Today, chaîne d’information en continu, en anglais, financée par le Kremlin) dans la campagne visant à influencer l’opinion publique américaine. « Le Kremlin a investi des moyens considérables pour étendre la diffusion de la chaîne et notamment sa présence sur les réseaux sociaux ». (En juin 2016, l’hebdomadaire « The Economist » a révélé, suite à une analyse de données, que les comptes Twitter qui diffusait largement les informations de RT étaient majoritairement des comptes automatiques, actionnés par des algorithmes, ce qui laisse entendre que cela participe d’une campagne de propagande orchestrée.)

• Le résumé du rapport se conclut sur un avertissement : « Nous pouvons affirmer que Moscou appliquera les leçons de la campagne ayant visé les élections américaines pour exercer le même type d’influence à l’échelle mondiale, notamment à l’encontre des alliés des Etats-Unis, durant leurs propres processus électoraux. » On sait que de telles craintes existent en France, où va se tenir l’élection présidentielle en 2017, et en Allemagne, où des élections législatives cruciales se tiennent cette année.

Rétroactes : le piratage du Comité national du parti démocrate

• De janvier 2015 à mai 2016, deux groupes de hackers, APT 28 et APT 29, réputés liés aux renseignements russes, ont piraté les ordinateurs et serveurs du Comité national du parti démocrate (DNC).

• En mars 2016, la messagerie de John Podesta, directeur de campagne d’Hillary Clinton a été piraté. Plusieurs centaines de ses e-mails sont volés.

• Le 22 juillet 2016, à la veille de la convention du parti démocrate, qui devait choisir entre Bernie Sanders et Hillary Clinton la personne qui serait le candidat démocrate à la présidence, Wikileaks a diffusé 19 252 e-mails et 8 034 documents piratés sur les serveurs du DNC. Ceux-ci mettaient notamment en lumière la préférence du DNC pour la candidature d’Hillary Clinton.

• A la suite de la fuite, la présidente du DNC, Debbie Wasserman Schultz, a démissionné à la veille de la convention démocrate.

• A partir du 7 octobre 2016, un mois avant l’élection présidentielle, Wikileaks diffuse 20 000 pages d’e-mails volés sur la messagerie de John Podesta. Ceux-ci révèlent la dynamique interne de la campagne d’Hillary Clinton, des échanges privés, des discussions stratégiques, remettent en lumière certaines positions polémiques de la candidate démocrate.

• La révélation des documents domina la couverture médiatique pendant plusieurs jours. Donald Trump a largement tweeté sur la question..

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