03282024Headline:

liberer l’Afrique: un devoir.

nkoth_bissek_portraitI- Alerte !

Sommes-nous conscient qu’en ce début du troisième millénaire l’Afrique est peut-être en train de jouer les derniers moments de son destin ?

Reprenons dans un ordre quelconque désormais bien connu :

  • La pauvreté s’aggrave de jour en jour : les moto-taxis s’installent dans nos villes, avec les dégâts humains qu’elles occasionnent ; les poubelles deviennent les lieux les plus fréquentées pour ceux qui veulent survivre, nos enfants élisent domicile dans la rue, sous les ponts, les tunnels, et autres coupe-gorge.
  • Les paysans, notre dernier rempart vital, désertent les campagnes.
  • La crise de l’institution scolaire se voit à travers la désertion des élèves et des enseignants, d’où la débâcle aux résultats des examens officiels.
  • Les pandémies de toutes sortes et de toutes origines, anciennes et nouvelles s’abattent sur nous comme la misère sur le pauvre monde. L’absence de la recherche, la difficulté d’accès aux remèdes des maux qui minent notre nation et principalement le paludisme dont tout le monde connait les ravages, illustrent notre faillite sanitaire.

Ajoutons la destruction de notre écosystème, le pillage de nos ressources naturelles, mines, forêts, etc.

Nous sommes la seule nation du monde qui ne dispose d’aucun contrôle sur sa monnaie…

Comme si cela ce suffisait pas, l’Afrique est devenue le théâtre de guerres fratricides acharnées, impitoyable. On n’a plus le temps de cultiver, d’élever d’instruire. Sur les routes, dans les brousses dans les camps de refugiés c’est la ruine et la désolation. Ceux qui cherchent à échapper à ce funeste sort sont récupérés par des bandes armées sans foi ni loi. Les enfants sont capturés et armés pour tuer et se faire tuer, les femmes et nos filles sont violées, les villages sont brulés, le bétail et les champs sont détruites.

II- Chronique d’une débâcle annoncée et organisée

Ce n’est pas faire œuvre d’angélisme de dire que jusqu’aux premiers siècles du deuxième millénaire, l’Afrique était une oasis de prospérité, un havre de paix.

A- Le Jihad : Commençons avec les Bédouins (Béni Hilal) chassés du désert d’Arabie par la famine. Ils ont fondu sur les verts pâturages d’Afrique du Nord, poussant leurs ravages jusqu’à Koumbi Saleh, la capitale du royaume du Ghana. C’était en 1076, l’œuvre des Almoravides ?

Les Musulmans vont pousser leurs incursions jusqu’à la fin du 19e siècle, avec les troupes foulbé de l’ardo Oumarou de Banyo (1895 -1897). Cinq de ses marabouts seront chargés de diffuser l’islam auprès de la population.

B- De la conquête économique et religieuse à la conquête armée :

Au 15e siècle, les navigateurs européens débarquaient, pour des raisons économiques. Ils avaient de la pacotille dans une main, la croix et la bible dans l’autre. Bientôt, ils passaient à l’achat et la vente de leurs clients les humains noirs, avec la complicité de quelques marginaux locaux et la bénédiction de leurs maîtres spirituels temporels. La traite des nègres, la conception et la mise en œuvre du Code noir vont offrir à l’histoire humaine la plus odieuse manifestation de sa barbarie.

Après 1894-1895 (Congrès de Berlin) Européens et Américains vont se partager l’Afrique. Toujours armées de supports de propagande religieuse et idéologique, en réalité, crypto-politico-économique, ils vont séparer et opposer les familles écartelées par des frontières géopolitiques artificielles, entre le christianisme et l’islam, entre les protestants et les catholiques, les Boers et les Anglais, les Anglais et les Français, les Français et les Allemands, les Portugais, les Suédois au (Ghana), les Hollandais, etc.

Les batailles célèbres de Fachoda, l’incident des ‘’ martyrs ‘’ de l’Ouganda, sont autant d’épisodes d’une guerre impitoyable dont d’aucuns pensent qu’elle est loin d’être achevée avec les décolonisations. Leurs héros sont : « le père » le comte Charles de Foucauld, militaire et espion, Faidherbe, Bugeaud, le cardinal Lavigerre, Gallieni, le général Gourand, lord Kitchener, cecil Rhodes, Lyautey, jusqu’aux actuels lan Smith, et ‘’Bob Denard’’ qui continuent à recevoir gloire, considération et fortune dans leurs parties.

C- Des objectifs et moyens d’action des guerres en Afrique

Commençons par balayer le prétexte religieux. L’Afrique, depuis les premières traces écrites, de son histoire, dans l’antiquité égyptienne, n’a jamais connu de guerres religieuses, du genre jihad, ou ‘’ guerre dite sainte’’,‘’ Saints’’ Bernard de Clairvaux, lutte contre les hérésies cathares, bogomiles,… la torture, l’adjuration, les œuvres de Torquemada, et du « saint office de l’inquisition ». croisades prêchées et consacrées par des

Les Africains qui se battent  au Nigeria, en Ouganda et bientôt au Cameroun ou des courants musulmans voudraient en découdre entre eux, sont-ils conscients de l’inanité de ces conflits ?

Ensuite, on nous dit que les guerres africaines se nourrissent du tribalisme, la tare atavique des Africains. D’où la légitimation des guerres dites de pacification. On feint d’ignorer ou, on n’ose pas envisager que le tribalisme n’est que la maladie de la tribu lorsqu’elle se sent menacée par des macrosystèmes nationaux ou internationaux, laïques ou à prétention confessionnelles, publiques ou privés. Ce réflexe de repliement sur soi est un phénomène que les sociologues désignent du concept d’anomie (Durkheim, K Merton). On sait que les guerres comme celle du Biafra, du Burundi, de Ruanda, à l’Est de la R.D.C., n’ont de moteur qu’économique et la manipulation des forces exogènes.

D’autres encore soutiennent et veulent faire croire que la violence est l’essence même de la politique voire de toute vie. C’est elle qui exige qu’il ait des dominants et des dominés ; que les premiers sont, par nature, voués à s’accaparer des ressources matérielles et humaines des seconds. C’est le point de vue qui domine dans les civilisations humaines du Nord, de l’Est comme de l’Ouest. L’actualité est encombrée de faits relevant de cette logique : une puissance quitte son pays, traverse les mers et les déserts pour aller faire une ‘’guerre préventive’’ chez les autres. L’Afrique n’a jamais entériné une telle manière d’être et d’agir.

Aujourd’hui, cette guerre se poursuit par d’autres moyens, plus insidieux, plus sophistiqués et non moins destructeurs : des techniques de télésurveillance et d’ ’’action’’ téléguidées, informatisées, transitant par satellite ; la diffusion de produits dangereux, contaminés, des faux médicaments, périmés qu’on déverse sans aucun contrôle, les O.G.M. (Organismes Génétiquement Modifiés), les institutions destinées à cet effet étant sans moyens d’action, sinon inexistants ; les campagnes médiatiques sans droit de réponse sur l’ignorance, la cupidité et la barbarie de nos dirigeants, ceux-là même qu’ils ont formé et placé à la tête de nos pays : le sergent Bokassa 1er, le sergent Mobutu, le sergent Idi Amin Dada que la reine d’Angleterre fut la première à féliciter après son coup d’Etat contre Milton Obote, le sergent Charles Taylor, j’en passe, et des pires dont certains sont vivants et connus de tous.

Les puissances qui téléguident cette barbarie se protègent derrière des institutions ad hoc : O.M.C., dont la finalité est d’ouvrir toutes les portes de nos économies tout en maintenant celles des grandes puissances inaccessibles ; le T.P.I. (Tribunal Pénal International) qui n’est chargé de juger que les dirigeants des pays dominés, exemple : les U.S.A n’y souscrivent pas pour des faits qui leur sont reprochés ; le Japon refuse d’extrader Alberto Fugimuri qui après avoir sévi en Amérique latine, a retrouvé son pays et sa nationalité ; les bourreaux et les commanditaires de la colonisation et des guerres coloniales qui ont commis les pires exactions humaines, sont amnistiés sans jugement. Les juges américains ont blanchi des policiers que le monde entier avait vus ‘’tabasser’’

Rodney King ; les USA ne signent aucune déclaration sur la protection de l’environnement.

D- Des véritables causes des conflits en Afrique, depuis l’origine.

En réalité, il est évident que derrières les alibis de toutes sortes qui sont avancés pour justifier ou expliquer les guerres en Afrique et ailleurs dans le monde, c’est la quête de l’espace de l’or, des diamants, du rutile, du cobalt, du phosphate, du pétrole, des matières premières diverses, y compris du facteur humain, qui motive ceux des peuples qui estiment disposer des moyens suffisants de s’en accaparer.

Ils opposent les peuples, financent contre intérêts – les parties adverses. Ils se servent de l’arme fatale de communication dont ils s’assurent le monopole pour semer la pensée unique, être à la fois juges et parties, condamner ceux qui ne les agréent pas, louer et soutenir ce qui va dans le coût et les ‘’dégâts collatéraux’’.

E- Conjurer le funeste destin qui s’avance sur l’Afrique.

Les va-t-en guerre de toutes origines et les poussent au crime de toutes obédiences proposent à l’Afrique de revêtir la peau de l’hyène et de rentrer dans la meute armée de toutes sortes d’outils, y compris ceux dits de destruction massive. Pour nous motiver, on fie de se moquer des Africains pour leur lâcheté, leur timidité, leur pusillanimité, et je ne sais quoi d’autre.

Facile ! Faites la guerre, nous vous vendrons les armes. Nous mènerons des campagnes médiatiques massives pour montrer que vous êtes des sauvages incorrigibles. On vous fera assister par nos O.N.G pour soulager votre misère.

Malgré les grandes  déclarations sur les thèmes de la liberté, de la démocratie, des droits de l’homme, la guerre continue, plus que jamais

F- Des modalités et manifestation de la défaite.

Nous pensons que nous avons d’abord été vaincus par des forces de l’esprit, non pas faute de n’en avoir pas disposé, mais par excès de tolérance face à une humanité imprévisible, sans vergogne, sans morale. Le recours à ces mêmes forces est la seule thérapie qui pourra nous permettre de conjurer celles qui nous hantent, d’extirper le mal qui nous a été inoculé et de tirer ainsi l’Afrique de l’ornière.

L’esprit de sujétion est encore incarné en nous. C’est l’ennemi qui nous mine de l’intérieur et qu’il nous faut combattre avant tout, sans réserve, tant il est vrai que l’ennemi extérieur, comme le chasseur de préhistoire, nous dit Gheikh Anta Diop, a pris la peine de nous vaincre spirituellement, annulant ainsi toute velléité de révolte contre nous-mêmes, avant d’hériter de nos ressources et de nos vies. Sans cela, point de paix, de développement, de dignité pour l’homme noir.

L’Africain semble se complaire à sa situation de dominé, de victime consentante, sinon de complice de son sort.

Témoin, le zèle qu’il déploie à adhérer aux religions et autres sectes de toutes origines et de tous bords le montre à profusion. Nos enfants sont encore baptisés de noms chrétiens ou musulmans comme à l’ère de la conquête, sans que nous y soyons contraints. Ni les Asiatiques, ni les Européens, ni les Américains d’origines européennes ne baptisent leurs enfants de noms africains. Les meilleures places et rues de nos villes sont baptisées : Avenue du 27 Août, Général Leclerc, Jean Paul II ; les monuments sont érigés au Dr Jamot comme à Albert Schweitzer et à d’autres qui trouvèrent chez nous des champs d’expérimentation fantastiques.

‘’Le malheur des Africains est qu’ils sont dirigés par des gens qui ne les aiment pas’’. Nous dit Farakhann, le leader africain américain de la N.O.I, nous ajouterons, par des gens qui ne la connaissent pas et ne l’honorent pas.

G- Appel aux élites

C’est le lieu et le moment de lancer un vibrant appel à nos élites, intellectuelles, spirituelles, morales, politiques, économiques, artistiques et sportives à nos jeunes et moins jeunes, fils et filles de notre peuple, pour la mobilisation vers la reconquête de nos valeurs. Aucun peuple, dans l’histoire, n’a pu durablement se réaliser sans disposer au préalable d’une culture cohérente, pertinente et efficiente.

Nous devons nous engager dans la voie de la recherche des fondements de notre morale, notre conception de l’esthétique, de la biologie, de l’écologie, de la politique et de la régulation sociale. C’est la voie que nous offre notre tradition. Elle est un guide sûr pour nos retrouvailles avec la philosophie, l’économie, la science, le progrès technologique qui nous seront alors donnés de surcroit, tant il est vrai que l’ignorance est la source de tout mal, comme il est dit dans ‘’L’inscription de Shabaka’’.

Nous avons le devoir de ‘’l’irrévérence sacrée’’ entendu comme la tolérance vis-à-vis de ceux qui prétendent nous orienter intellectuellement, moralement, politiquement, spirituellement, économiquement et ne parviennent pas à faire la preuve de leur compétence, de leur esprit de vérité justice (maât) de leur générosité. Vis-à-vis de ceux, en parole ou par action profanent les lieux sacrés de notre mémoire collective, usurpent les titres, et les symboles traditionnels (sacra et regalia), manquent de respect aux institutions sacrées comme à leurs gardiens et représentants le peuple à le devoir de les honnir. Par-ce-que leurs attitudes et comportements constituent autant de signes du mépris de notre être et de la continuation de l’œuvre violente de la conquête spirituelle et sociale de notre nation.

Tolérance, c’est tout. Mais pas notre considération, nos voix, nos acclamations et nos célébrations que nous serions mieux inspirés de réserver à l’élite méritante. Nous aiderons ainsi cette vengeance à disparaître d’elle-même, tant il est vrai qu’elle ne prospérera pas sans notre contribution à leur égard.

H- Les initiés

Ils ont le devoir de réactualiser les ressources de notre patrimoine culturel commun, gage et promesse de nos retrouvailles avec les Africains du monde entier. Ils doivent réactualiser le pacte qui les lie aux ancêtres et au peuple à l’occasion de manifestations rituelles et festives diverses. Ils doivent restaurer les formes originales qui les accompagnent, les anciennes alliances sacrificielles entre les vivants de toutes nos familles et avec les ancêtres, qui passent par la considération et le respect mutuel, la promotion des valeurs de fraternité et de solidarité.

Ils devront observer une neutralité bienveillante vis-à-vis des institutions de nature potentiellement polémique, comme les religions, les sectes, les partis politiques, les syndicats et autres associations profanes ou confessionnelles, pour éviter le risque de voir se polariser les composantes du peuple dont ils ont la responsabilité morale.

Cette neutralité ne saurait être évoquée dans tous les cas où il s’avérerait qu’ une de ces organisations contreviendrait aux principes fondamentaux de notre culture, au respect des institutions républicaines, à l’intégrité des territoires, à la paix et au progrès sous toutes ses formes.

C’est la voie royale pour neutraliser les forces antagoniques potentielles de toutes origines.

I- Les leaders économiques, les artistes de tous genres, doivent illustrer, sponsoriser, médiatiser cet objectif et nous permettre ainsi de réoccuper notre espace symbolique sans lequel le consensus social n’est pas en envisageable.

J- Les forces religieuses et idéologiques.

Qui ont, dès l’origine, conspirés contre la paix, l’intégrité, la souveraineté et la légitimité de notre peuple et nos institutions sont invitées à adopter une attitude plus révérencieuse, plus respectueuse de notre nation  qui les considère comme des entités allogènes auxquelles nous devons accueil et protection.

Elles devront, par contre, s’astreindre à un  prosélytisme moins violent, au respect du patrimoine culturel et à ses gardiens légitimes, gage de sauvegarde d’une société de paix, d’harmonie et de progrès.

K- L’Etat : il devra reconnaître et légitimer l’institution socioculturelle traditionnelle comme partenaire incontournable pour la réalisation de l’unité nationale, du progrès. L’espace médiatique : présentation officielle des manifestations et célébrations rituelles, informations et débats publics, autre que folklore, devront leur être accordés comme aux autres institutions nationales.

C’est en reconquérant notre personnalité que nous pourrons exorciser les démons du complexe d’incapacité et d’infériorité qui nous minent. C’est à ce prix que nous accomplirons notre quête de la performance, de l’excellence en toute chose. La paix dans nos Etats, le progrès socio-économique, la sécurité et la réalisation de la ‘’Renaissance Africaine’’, prônée par la nouvelle élite africaine du monde entier, sont à ce prix.

Mbombog NKOTH BISSECK

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