04192024Headline:

« État » islamique par Miroslav Lazanski

« État » islamique

Si les médias atlantistes ne réagissent pas au ridicule des États-Unis depuis que la Russie bombarde —pour de vrai— l’État islamique, les médias du reste du monde rient de bon cœur. On croyait que Washington luttait contre le terrorisme depuis le 11-Septembre. Heureusement la Russie remet de l’ordre dans cette communication mensongère et abat les masques.

La notion d’État, je l’ai toujours comprise d’une façon sérieuse, ce sont peut-être mes souvenirs romantiques et institutionnels des temps passés, mais l’État est un terme qui pour moi a toujours eu une consonance arrogante. Et ce n’est pas par hasard que nos hommes politiques ont l’habitude de dire que personne n’est plus fort que l’État. C’est précisément à cause de ça que j’ai cru qu’il s’agissait d’une blague quand on avait commencé à parler d’un État islamique. Un État, et en plus terroriste ! Il encaisse des impôts, il a sa propre monnaie, il a sa capitale, Rakka, il a des revenus quotidiens tout à fait convenables provenant de la vente du pétrole volé via le port turc de Ceyhan, malgré une décision existante du Conseil de sécurité des Nations Unies selon laquelle une telle vente est interdite. Il est vrai que le prix du baril est en dessous de 30 dollars, mais peu importe puisque ceci atteint surtout la Russie et son économie.

Et voilà, c’est un État islamique pareil qui est bombardé depuis un an par les États-unis, la France, le Qatar, l’Arabie Saoudite, la Jordanie, avec leurs avions de chasse et leurs drones les plus modernes, avec l’aide de tous les satellites et outils aéronautiques de surveillance et d’identification possibles et imaginables. Et un an après des bombardements pareils, arrivent les Russes —et ils sont en train de bombarder maintenant ce que les États-uniens avaient ardemment bombardé les mois passés. On pourrait donc penser que les Russes sont en train de bombarder les ruines issues des bombardements US. Mais voilà, en fait ce sont des complexes entiers de camps d’entrainement des terroristes, des nœuds de liaisons, des entrepôts, hangars, bunkers en plusieurs niveaux, des centres de commande, des tours de guet, des réservoirs de pétrole, des entrepôts avec une cinquantaine de chars, des positions d’artillerie, des ateliers, des usines des mines et explosifs. En fait, tout dont dispose une puissance militaire d’un État. Et dans notre cas, d’un État terroriste. Comme le dirait notre défunt commentateur sportif, Mladen Delić : « Mais comment est-ce possible, mes amis ! »

Vraiment, comment est-ce possible ? Comment est-ce possible qu’aucun média occidental ne se pose cette question ? En 1999 au Kosovo, dès que l’armée yougoslave allumait le moteur d’un char, un drone arrivait immédiatement, et derrière lui, les avions de chasse de l’Otan. Et tout cela dans les conditions d’une végétation et d’un relief très riches au Kosovo, où il était facile de tout masquer. En Syrie, les forces de l’État islamique se trouvent en montagnes, mais surtout dans les déserts, où l’aviation trouve les conditions climatiques parfaites pour cibler. Donc, comment est-ce possible que l’État islamique soit plus fort que les États-Unis pendant un an déjà ? Il ne s’agit pas de timbres postaux, même si je pense que les timbres de l’État islamique auront une valeur beaucoup plus importante pour les philatélistes que les timbres des États-Unis. Parce que la Poste US est nationalisée, pas privatisée.

Les avions russes doivent probablement cibler la Poste de l’État islamique maintenant afin de sauver la valeur des timbres postaux des États-Unis. Mais les médias US ont l’insolence de critiquer les Russes parce qu’ils ont osé bombarder ce que leur pays soit disant bombarde avec succès depuis un an, alors que sur le territoire de l’État islamique, tout est encore entier et intact. Même la Poste. Mais nos postes avaient été détruites en 1999. Donc, le droit exclusif de bombarder appartient aux États-uniens et à leurs équipes. C’est ce qu’on pourrait appeler l’immaculée conception…

 

 

NOTES :

Miroslav LazanskiNé en 1950 à Karlovac, Croatie. Diplômé de la Faculté de Droit à Zagreb, où il a débuté sa carrière de journaliste. Après avoir travaillé pour plusieurs journaux et magazines, en 1991 il commence à travailler pour le quotidien serbe Politika, où il travaille encore aujourd’hui. Il a été reporter de guerre en Syrie, Afghanistan, Tchétchénie, Congo, Irak, Iran, Liban, Yémen et Lybie. Il a réalisé des interviews de personnalités de l’OTAN, de l’URSS, et d’une cinquantaine de ministres des Affaires étrangères, de hauts militaires des armées russe, chinoise et japonaise. C’est le seul journaliste yougoslave qui a navigué à bord du sous marin atomique USS Tautog, qui a volé à bord d’un F-14, qui a visité le porte avions USS John F. Kennedy et qui a volé dans un Mig-29. Il a été l’invité des académies militaires en Russie, Japon, États-Unis, Australie, Italie, Grande-Bretagne, Allemagne, Roumanie, etc. Il a tenu une rubrique dans le journal grec Kathimerini, dans le journal japonais Securitarian, etThe Diamond Weekly. Il est auteur de dix ouvrages.

 

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